THÈME SPÉCIAL: LA LETTRE
(CERTIFICAT) DE DIVORCE
Lexpression
écrire une lettre de divorce apparaît dans largumentation de Jésus sur le divorce
(cfr. Matth. 5:31; 19:7-9; Marc 10:4-5), mais provient de Deut. 24:1-4. Cétait
une procédure légale édictée par Moïse pour protéger
la
femme (Exode 21:1-11). Cette procédure légale avait plusieurs exigences:
1.
elle nécessitait du temps
2.
elle exigeait que la lettre soit écrite par un sacrificateur ou un lévite
3.
elle exigeait probablement le remboursement de la dot
On
espérait que la longueur de la procédure par ces exigences allait donner au
couple une chance de se réconcilier.
Il
faut dire aussi que Deutéronome 24 supposait un droit de remariage pour chacun
des deux conjoints, cest-à-dire autant pour lhomme que pour la femme. Cependant,
le contexte de ce passage de Deutéronome nabordait pas
la
problématique culturelle du divorce autant que (1) assurer la virginité et la
fidélité de la mariée, et (2) fixer les procédures et limitations spécifiques
relatives au remariage.
La
difficulté majeure est apparue avec linterprétation libérale de ce passage par
lécole rabbinique Hillel (cfr. The Christ of the Gospels de J. W. Shepherd,
pp. 451-457). Cette école saccrochait au terme indécence ([quelque chose de
honteux- Louis Segond; ou quelque chose de malséant- J.N. Darby] voir le
paragraphe #2 ci-dessous) et en avait étendu le délai et le sens ou signification
originels. Au fait, les Pharisiens navaient cité Moïse (Matth. 19:3,
7-8)
que dans le but de piéger Jésus; Ils nétaient nullement en quête dun
quelconque renseignement.
Jésus
a confirmé que lintention de Dieu pour le mariage était celle dun homme pour
une femme pendant toute leur vie (cfr. Matth. 5:31). Tout autre schéma sécarte
de cet idéal. Le problème cest comment concilier les paroles de Jésus dans ce contexte-ci
avec ses paroles de pardon dans dautres contextes. Il est exigé des disciples
du Royaume un haut degré dexcellence, comme lest du reste, la grâce de Dieu!
En cette matière, une approche cas par cas est mieux que des règles légales rigides.
Dans
lAncien Testament, YHWH faisait allusion au divorce pour décrire ses actions à
lencontre dIsraël, suite à leur idolatrie (cfr. Esaïe 50:1; Jér. 3:1-8; Osée
2:2). Il y a bien dexemples dans lAncien Testament où le divorce est requis
(cfr. Gen. 21:8-14; Exo. 21:10-11; Deut. 21:10-14; Esdr. 9-10). Joe Sprinkle a
écrit un article fort intéressant qui pousse à refléchir, intitulé
Perspectives de lAncien Testament sur le Divorce et le Remariage, publié
dans le Journal of the Evangelical Theological Society vol. 40 # 4.
Les
deux critères de divorce dans Deut. 24: 1 sont:
1.
Si la femme ne trouve pas grâce aux yeux du mari
Ce verbe courant (BDB 592, KB 619) est usité deux fois dans ce verset (la
première fois comme Qal imparfait, et la deuxième fois comme Qal passé composé).
Il est usité dans le sens de reconnaître un état/une condition
existant(e) (Deut. 22:14,17).
Le terme grâce (BDB 336) réfère aussi bien à la grâce/faveur de Dieu (ex.
Gen. 6:8; Exode 33:17) quà celle de lhomme (ex. Gen. 30:27; 33:8,10,15; Ruth
2:2,10,13). Cela signifie une acceptation par grâce/faveur ou
une attitude de réactivité. Ici, elle est refusée. La grâce reconnaît létat
déchu de lamour humain, qui est parfois capricieux et éphémère.
Ce texte a été une source de grande controverse parmi les rabbins. Pour Shammai
(le groupe conservateur de rabbins), il ne faisait référence quà ladultère,
tandis que pour Hillel (le groupe libéral de rabbins) il réfère
à nimporte quoi, même à des choses triviales (mauvaise nourriture, mauvaises
relations avec sa belle-famille, fait pour lhomme de trouver une femme plus
jolie
). En Israël, seul le mari avait le droit légal de divorce.
2.
Si elle a en elle quelque chose de honteux
Littéralement, cest la nudité dune chose (BDB 788 construit BDB 182). Dans Deut.
23:14 le même terme est usité dans un sens non-moral. Cela ne pouvait référer à
ladultère manifeste, car alors, la peine automatique
était la mort (cfr. Deut. 22:22). Jésus, en citant ce texte, semble linterpréter
par rapport au terme fornication usité dans Matth. 19:9, lequel est un terme Grec
(porneia) impliquant toute inconvenance sexuelle ou infi-
délité. Le terme est censé être ambigu et, couvre ainsi les circonstances les
plus larges possibles.
Moïse avait écrit ce texte dans le but de protéger la femme rejetée, vulnérable.
Pour moi, cest choquant que Jésus ait affirmé que cette protection légale du
divorce et du remariage na jamais été lintention de Dieu
(cfr. Matth. 5:27-32; 19:7-12; Marc 10:2-12; Luc 16:14-18), mais plutôt une idée
de Moïse en raison de la dureté des coeurs des Israélites. Combien dautres
choses contenues dans le Pentateuque ne constituent pas lau-
thentique volonté de Dieu? Jésus, en tant que Seigneur de lEcriture, a demontré
son autorité en corrigeant tant les textes de lAncien Testament que leur
interprétation (cfr. Matth. 5:17-48; Marc 7:1-23). Ceci est particu-
lièrement embarrassant pour nous Évangéliques modernes qui insistons tellement sur
la Bible comme étant la parole de Dieu (et elle lest certainement!), mais
nous devons toujours nous rappeler que Jésus est la Parole
vivante et que nous ne disposons que dune fraction de tout ce quil a fait et
dit (Jean 20:30). La Bible est essentiellement conçue pour dabord nous offrir le
salut (cfr. Jean 20:31; 2 Tim. 3:15) et ensuite pour nous guider
dans la vie Chrétienne (cfr. 2 Tim. 3:16-17). Nous avons toute linformation dont
il nous faut pour être sauvés et mener une vie agréable à Dieu. Nous navons
pas besoin de règles et lois supplémentaires. Dans les domaines
dincertitude, nous avons les textes et lEsprit qui habite en nous pour nous
guider.
Je me rappelle que Jésus a dit que tout lenseignement Scripturaire
[Biblique] sur comment vivre pour Dieu se résume en seulement deux affirmations
prioritaires (cfr. Matth. 22:34-40; Marc 12:28-34; Luc 10:25-28):
a. Deut. 6:4-5 Aimer Dieu complètement;
b. Lév. 19:18 Aimer son prochain (ce qui inclut certainement les membres de sa propre famille) comme
soi-même.
Le point #b inclut sans doute sa propre conjointe!
Sur
le sujet Le remariage est-il un péché?, veuillez lire en ligne mon
commentaire sur Matthieu 5:31; 19:3,5-9 ou écouter les sermons audio sur ces
textes dans la section Difficult and Controversial Texts [Textes Difficiles
et Con-troversés] (deuxième case verte sur la page daccueil de www.freebiblecommentary.org).
Cliquez sur The Christian Life [La Vie Chrétienne], défilez vers le bas jusquau
sermon # 2130 et 2131.
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